Alexandra, quel est ton parcours ?

Je suis une ancienne RH. J’ai fait 20 ans de recrutement, de formations, de coaching, de développement personnel et d’accompagnement de cadres et de dirigeants. Ensuite, j’ai repris des études et j’ai bifurqué dans le développement commercial et le développement de produits. J’ai obtenu un MBA à l’Institut Français de la Mode (IFM) situé à Paris en 2012. À un moment donné, j’étais fatiguée par les grands discours des marques prônant une soi-disant naturalité et éthique. Ces grands discours d’éthique difficilement vérifiables et non vérifiés m’ont fatigué.

J’ai une vraie conscience de la planète. Je cuisine des produits de saison bio, je fabrique mes propres produits ménagers. De plus, en tant que RH, l’humain est très important pour moi. Je me suis demandé s’il était possible de fabriquer un produit authentique, à la fois respectueux de l’humain et de la planète.

Au-delà de l’alimentaire, si un produit doit être vrai, c’est bien la cosmétique qui s’applique sur la peau et près des yeux, de la bouche et du nez.

Au fil de rencontres et de nombreux échanges, j’ai eu l’idée de mettre en musique les produits naturels les plus efficaces du monde qui viennent du continent africain dans une gamme qui respecte l’humain et la planète.

C’était évident pour moi que ce soit une gamme 100 % végane, qu’elle soit mise en relation avec des communautés dans des pays africains et aussi avec des groupements de femmes pour les mettre en exergue, car dans la cosmétique, on parle beaucoup de la nature et des ingrédients, mais peu des gens qu’il y a derrière.

C’est donc ça l’ADN de Lakroz, la gamme de cosmétique que tu as lancée ?

Oui. Lakroz, c’est plus qu’une marque. C’est un concept. On n’achète pas juste un pot de crème. On permet à des femmes de travailler. On permet à des gens en France de se sociabiliser. On permet à la planète d’être protégée, d’être reforestée. À chaque étape du processus, il y a une valeur éthique, sociale, sociétale et environnementale. En France, les produits sont stockés par Les Papillons Blancs, une association permettant aux personnes souffrant de handicap mental d’être intégrées socialement et professionnellement.

Au-delà du packaging recyclable, il y a une recherche de traçabilité, d’authenticité et de respect qui est transmise par Lakroz inspiré du Lac Rose situé tout près de Dakar.

La société a été créée en mars 2019 et les produits sont sortis 2 ans plus tard en mars 2021. En 2020, c’était la recherche de financement, de partenaires, de matières premières et la mise au point des produits. Leur lancement a pu avoir lieu un an plus tard.

Durant ce début de parcours entrepreneurial, où as-tu obtenu du soutien ?

J’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui ont cru en mon projet très vite, notamment le laboratoire avec lequel je travaille. Je l’ai choisi, car les relations sont hyper faciles et il correspond à mes valeurs. De plus, dans ce laboratoire, ils avaient déjà toutes les matières premières nécessaires à ma gamme et ils m’en ont proposé d’autres comme le M’balaka du Cameroun et le Kinkéliba du Sénégal.
Ça a été une vraie rencontre.

J’ai aussi obtenu un financement de la BPI (Banque Publique d’Investissement, NDLR). La confiance de cet organisme obtenue, tout s’est enchaîné. À ce moment-là, j’étais aussi accompagnée d’une coach qui a su révéler mes potentiels.

J’avais déjà créé une société en conseils RH, mais jamais je n’aurais pensé bifurquer dans l’univers de la cosmétique, il y a quelques années. Aujourd’hui, je peux vous parler pendant des heures de nos ingrédients et des propriétés des huiles essentielles ou du karité.

Il y a -t-il eu un déclic ?

Oui. Ma mère a eu un accident. Au moment de sa convalescence, elle avait besoin de beaucoup d’assistance. Elle était très dépendante. À ce moment, j’étais à la recherche d’un job et je me suis rendu compte que je ne pouvais pas reprendre un travail salarié, car je le vivrais mal si j’étais en déplacement professionnel ou en réunion et qu’elle avait besoin de moi.

Aucun travail ne pourra jamais être plus important que ma mère. J’ai eu besoin d’avoir ma propre structure avec mon agenda et ma propre organisation.

J’avais besoin de représenter un produit que l’on peut toucher et non un service. C’est comme cela que je suis arrivée à la cosmétique.
Et le côté naturel fait partie de moi.

Une routine beauté à partager avec nos lectrices ?

Oui. L’idée principale est qu’il faut prendre du temps pour soi.

Pour le visage, j’ai un rituel le matin et le soir. Pour le soir, vous pouvez faire un gommage, mais pas tous les jours bien sûr. Faites votre gommage deux heures avant le coucher. Ensuite, appliquez le masque Lakroz en fine couche, laissez pénétrer et dormez avec sans rincer. Il faut rappeler que les cellules de la peau se régénèrent la nuit. Il faut donc mettre des produits nourrissants avant de se coucher. Notre masque est très riche.
Au réveil, votre peau est repulpée.
Le lendemain matin, nettoyez votre visage comme d’habitude et terminez par notre lotion à l’extrait de kinkéliba avant d’appliquer une crème hydratante.

Des projets à venir chez Lakroz ?

Nous venons de sortir notre après-shampoing à base de beurre karité, pur et non raffiné du Bénin.
J’insiste sur sa qualité non raffinée, car le beurre de karité utilisé en cosmétique est très souvent raffiné. Blanc et désodorisé, il a perdu toutes ses propriétés naturelles.
Le nôtre est celui que l’on voit sur les marchés, le vrai beurre jaune avec tous ses bienfaits.

Que peut-on vous souhaiter ?

Une gamme homme et l’élargissement de la gamme capillaire et de celle des gels douche.
J’aimerais aussi créer des ateliers cosmétiques à Dakar, au Lac Rose, pour faire travailler d’autres groupements de femmes et montrer que les produits venant du Sénégal sont aussi qualitatifs que ceux qui viennent de France.